Cactus
La culture est désertique dans son habitat. Qu'il a d'ailleurs reconstruit, et que je n'ai toujours pas vu. L'ouverture est absente de son âme. Son corps est souffrance, 30 ans d'usine l'ont façonné. Un être aigri, totalement désabusé. Intégré dans son système. Il a peur de la vie, de la grande ville, il a peur de son avenir. Les étapes l'ont marqué, ses traits sont durcis, enrobés ou bouffis, il a la petite bedaine des bons mangeurs, et les joues d'un alcoolique. Ses paroles pâteuses ou colériques. Un homme qui n'a pour toute relation avec sa filiation que le téléphone. Un fil qui est censé nous relier. Le père nourricier s'inquiète trop régulièrement de l'état du frigidaire et le fonctionnement du véhicule.
Il a eu 54 ans, je ne suis toujours pas allée le voir. Et mis à part un cactus face à ce néant, je ne sais quoi lui offrir.